Hope Laurence Hope
Métro Place d'Armes- quatorze heures trente.
Quand j'ai eu l'idée de créer ce blogue, j'étais loin de m'imaginer que le portrait de la prostitution serait représenté un jour dans l'un de mes articles. Il est certain que ce fléau qui a envahi les rues de Montréal dans certains quartiers de la ville est devenu un phénomène de société depuis que la série a fait tant parlé d'elle "La fugueuse" Certes le personnage que j'ai rencontré ne correspond pas aux clichés de la blonde, avec une candeur et une fraîcheur emprunt à la naïveté. C'est un autre visage dont nous n'avons pas l'habitude de voir dans nos médias. Les traits de cette femme n'ont rien à voir avec ceux de la jeune et jolie héroïne de cette fiction cité plus haut, les siens sont plus sombres. Ils sont marqués par un regard noir et soulignés par les stigmates de la drogue.
Depuis quatre jours, je parcours le métro à la recherche d'un sujet. Je pensais qu'avoir des facilités sociales faisaient que je pouvais rentrer dans n'importe quelle bulle et espace de quiconque mais quelquefois ma réalité est tout autre. Depuis la création de ce blogue, je vois de nombreux visages et beaucoup de jolie histoire qui m'inspire au fil de mes déplacements dans notre cher Métro. Parfois nous nous ne rendons pas compte que de voyager dans un tunnel comme notre réseau de transport montréalais change notre perception. Je vous observe souvent assise ou debout pour mieux vous dévisager afin de tenter d'alimenter mon blogue par vos histoires. J'ai donc, au fil de mes voyages, remarqué que nous nous enfermons dans une sorte de forteresse au sens figuré que propre et que notre regard devenait vide le temps d'un voyage ce qui rend l'exercice difficile pour capter un simple regard. Sauf pour cette histoire. J'ai rencontré Laurence en voulant lui céder ma place car cette femme n'était plus capable de se tenir debout. Une détresse sortait de son regard qui cherchait à attirer notre attention face à nos visages fermés. Ses yeux criaient ses mots "Regardez-moi! Regardez comment ma dépendance à la drogue me tue! Regardez ce que je suis obligé de faire, je me prostitue et je ne peux plus me tenir debout. Aidez-moi! Je n'ai plus la force à m'en sortir seule".
Toute une connexion! Effectivement au fil de notre conversation dans ce métro bondé de monde, j'ai appris que Laurence était originaire de Haïti et qu'un couple en mal d'enfant l'avait arraché à ses racines à l'âge de trois mois selon ses propres termes. C'est ce qui l'a amené à se rebeller contre ses parents adoptifs parce que le sentiment de l'abandon et le fait d'avoir été déraciné de son pays l'on conduite dans un foyer . Elle qui voulait être médecin dans sa petite enfance puis qui a été sauvé de la misère par son adoption l'a fait passé pour une enfant ingrate qui n'était pas reconnaissante de la chance d'avoir un meilleur avenir. Ces rancoeurs autour de son adoption ont fini par l'a couper de sa famille adoptive et l'ont amené vers un point de non retour. C'est dans ce lieu protégé dit foyer pour jeunes en difficultés qu'elle a commencé à fumer, sniffer et se piquer. Ceux pourquoi consommer a fini par tracer son chemin vers l'enfer dans lequel elle se trouve aujourd'hui. La dépendance aux drogues jusqu'à son proxénète qui l'attendait à deux stations de métro. Prise par son histoire je l'ai suivi et j'ai ainsi rencontré son homme de main qui l'a fourni en clients et en drogue dure en tout genre comme l'héroïne et le crack comme elle me l'a souligné en me montrant sa pipe dans sa main qu'elle serrait inconsciemment car le manque commençait à se faire sentir. Elle avait soif et j'en ai profité pour m'asseoir avec elle sous le regard de son "proxédealer". Je lui ai demandé si je pouvais l'aider autrement que de lui payer une liqueur. Elle me répondit que "non" elle savait comment s'en sortir et si elle le voulait, elle savait qui appeler, en faisant allusion aux associations, qui sont sur le terrain afin de venir en aide aux femmes prise dans la prostitution. Mais qu'un jour elle le sait, elle trouvera le courage de s'en sortir. J'étais très médusé face à sa réponse mais elle a continué à ponctuer notre conversation par le mot espoir. L'espoir de s'en sortir de l'enfer de la drogue, de la prostitution qui a été marqué par de nombreux viols collectifs et par de la violence qui l'ont traumatisé comme elle me l'a mentionné. L'espoir d'avoir un meilleur avenir, l'espoir de vivre heureuse dans un futur proche. Ce mot "espoir" tellement cher à son coeur dont j'avais perdu le sens et la définition. J'avais beaucoup de mal à comprendre comment Laurence mesurait le poids de ce mot dans son parcours. En voici donc la définition tel écrit dans un dictionnaire.
" Fait d'espérer, d'attendre avec confiance la réalisation de quelque chose ; Espérance ; Sentiment qui porte à espérer. Personne où chose dans laquelle on n'espère. Personne qui ne présente toutes les qualités nécessaires pour réussir dans un domaine déterminé"
Je pense que oui, Laurence mesure bien le sens de ce mot si je cite Norman Cousins qui dit que "L'espoir est la chose la plus importante de la vie. Elle procure aux êtres humains le sentiment d'avoir un but et leur donne l'énergie pour aller de l'avant."
Nous pouvons être pris dans les pires spirales de la vie, mais ce mot est un moteur qui nous maintient et peu importe la situation dans laquelle on se trouve. On avance un jour après l'autre. Laurence est en vie avec certes sa philosophie, elle reste néanmoins debout et porteuse d'un message fort qui nous rapelle que nous sommes des êtres qui se définissent dans les épreuves que nous traversons. Je ne peux que remercier cette femme qui m'a inspiré cet article et je ne peux que lui souhaiter dans un futur proche que ce mot la porte vers un avenir meilleur et ainsi guérir de sa dépendance pour consolider son âme torturé et réparer ses maux qui l'ont tant abîmés. Si j'avais un quelconque pouvoir qui pourrait lui faire changer de vie demain, je le ferais sans hésité, avec la prétention de le faire avec un seul claquement de doigt. Malheureusement je n'ai que le pouvoir de ma modeste plume, alors je ne peux qu'écrire par le biais d'un titre d'article aussi " franglais" que Hope Laurence Hope pour que nous ne l'oublions pas.
Derniers commentaires
Je n'ai qu'une seule chose à te souhaiter : une très belle continuation dans ton blog qui se veut prometteur.
J'adore ta plume - je te le dis car j'ai réussi à tout lire malgré l'absence de photo, ton